
Du 28 juin 2025 au 4 janvier 2026
Pierre Soulages. La rencontre
En 2025, le musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole entame la célébration de son bicentenaire avec une exposition-événement dédiée à Pierre Soulages. Dès 1941, en pleine Seconde Guerre mondiale, l’artiste découvrait le musée Fabre et ses collections, alors qu’il préparait le professorat de dessin à l’école des beaux-arts de Montpellier. La portée de cette rencontre – « plus que tout autre, ce musée a compté pour moi » écrira le peintre – s’est matérialisée en 2005 à travers la donation exceptionnelle de vingt œuvres à la ville de Montpellier, et le dépôt de dix toiles. Vingt ans après, le musée Fabre rend hommage à cet immense artiste français, décédé en 2022, au travers d’une grande exposition pensée comme une rétrospective ; la première de cette envergure à Montpellier, une ville avec laquelle Soulages avait noué des liens forts et affectifs.
« Pierre Soulages. La rencontre » se déploie sur trois niveaux et dans plus de 1 200 m², et crée une continuité entre les salles d’exposition et les salles Soulages permanentes du musée. L’exposition réunit environ 120 toiles, œuvres sur papier, cuivres, bronzes et verres, et donne à voir les rencontres plastiques, formelles, théoriques et amicales de Soulages avec l’histoire de l’art et l’art de son temps.
Au fil du parcours, au sein d’espaces dédiés, le visiteur découvre ainsi une sélection de toiles signées de grands noms de l’histoire de l’art qui le précède - comme Rembrandt, Zurbarán, Courbet, Cézanne, Van Gogh, Mondrian, Picasso -, autant que des rencontres significatives qui ont émaillé la vie de l’artiste – telles Hans Hartung, Anna-Eva Bergman, Pierrette Bloch ou encore Zao Wou-Ki.

Afin de respecter l’esprit de la présentation que Soulages a lui-même conçue dans les salles qui lui sont consacrées au musée Fabre, l’exposition « Pierre Soulages, La Rencontre » ne suit pas une approche chronologique, mais au contraire une vision cyclique et non-linéaire, privilégiant les échos entre des œuvres d’époques différentes selon plusieurs grands thèmes. Au travers d’un parcours en six chapitres, l’exposition met en évidence les différents moments de la vie et carrière de Soulages jusqu’à sa mort en 2022, ainsi que le lien profond qui l’unissait avec le musée Fabre. L’exposition s’ouvre par deux œuvres inédites, réalisées durant les toutes dernières années de vie de Soulages, en 2020 et 2021.
La première section révèle son travail des matières, des brous de noix aux goudrons, et présente le lien existant, dès le début de son travail, à l’art pariétal et préhistorique. Penser le monde des origines a toujours été central dans la démarche de l’artiste, en témoigne l’élaboration d’une matière picturale à l’aspect parfois minéral, tellurique, faite d’aspérités, tant dans les traitements de surface que dans ses composants.
Le deuxième chapitre s’articule autour des compositions très construites des toiles de l’artiste durant les années 1950. Refusant tout lyrisme et gestualité, l’art de Soulages, qui crée ses propres outils et matériaux de peintre, est une occupation de l’espace de la toile pensée telle une architecture. Considérant la peinture comme une organisation de relations entre les formes et les lignes, l’artiste compose savamment ses toiles, inspiré à ses débuts par la structure de l’arbre. Sont présentées également ici des œuvres emblématiques de la période des raclages, au tournant des années 1960.
Le visiteur est ensuite invité à plonger dans la période dite « cistercienne » de l’artiste, donnant à voir un ensemble d’œuvres des années 1970 rapprochées de certains Outrenoirs récents, qui semblent s’apparenter à de larges écritures illisibles, ou a de légères ponctuations dans la couche picturale. Dès 1947, Soulages découvre la calligraphie chinoise, pour laquelle il témoignera des années durant d’un profond intérêt. Cette immédiateté du signe qui intéresse Soulages, sans linéarité narrative ni gestualité, renvoie à une volonté de silence plastique, jusque dans la présentation des œuvres.
Crédit photo : Pierre Soulages, Peinture 146 x 114 cm, 1950, 1950, huile sur toile, 145,5 x 113,5 cm, Paris, Centre Pompidou, Mnam/Cci, achat de l'État, 1951, attribution, 1952, inv. AM 3136 P © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. Grand PalaisRmn / image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Adagp, Paris, 2025

La quatrième section permet d’aborder l’une des manières qu’a l’artiste de traiter la lumière par le noir, héritière de la tradition du clair-obscur. Dès 1949, les toiles de Soulages manifestent cet intérêt pour la lumière qui jaillit du noir, offrant d’intenses effets de contrastes lumineux. Cette fascination pour le noir-lumière trouve sa résolution en 1979, alors que Soulages se met à recouvrir intégralement la surface de peinture noire, dans ce qu’il appellera dès lors ses Outrenoirs.
La cinquième partie est, quant à elle, consacrée au contraste radical entre le noir et le blanc dans l’œuvre de Soulages, ainsi qu’aux jeux de transparence qu’il recherche dans sa pratique, avec une partie consacrée à la réalisation des vitraux de l’abbaye Sainte-Foy de Conques entre 1987 et 1994. La confrontation directe et radicale du blanc et du noir a de tout temps animé l’artiste. Présent sous forme de rehauts sur certains tableaux des années 1950, puis comme fond dans les années 1960, le blanc ré-émerge dans les Outrenoirs à partir de 1999, prenant l’apparence de lignes frêles, telles des déchirures, ou dans certains cas, de papiers découpés incisifs, créant de nettes ruptures sur la surface.
S’ouvre enfin la sixième et dernière section de l’exposition, dédiée à l’appréhension de l’espace dans la peinture de Soulages, lui qui a toujours insisté sur la réalité spatiale de son médium de prédilection. Cette manière de construire l’espace se fait tant au sein de la toile elle-même que dans son dialogue à l’espace environnant, fait de lumière et d‘architecture. La monumentalité de l'œuvre y joue un rôle important, donnant la part belle aux polyptyques qui se déploient dès les années 1980. Dans cette dernière section, une partie des œuvres sont présentées au centre de l’espace, accrochées au travers de câbles, selon un dispositif conçu dès 1966 par Soulages dans le cadre d’une exposition à Houston.
Crédit photo : Michel Dieuzaide, Pierre et Colette Soulages dans l'atelier de la rue Saint-Victor, 1988, tirage original noir et blanc sur papier baryté, 18 x 24 cm, Rodez, musée Soulages, inv. 2014.13.2
Quelques œuvres présentes dans l'exposition

Peinture 146 x 114 cm, 1950
© Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. Grand PalaisRmn / image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Adagp, Paris, 2025

Peinture 130 x 97 cm, 1946
© Archives Soulages © Adagp, Paris, 2025

Peinture 202 x 327 cm, 17 janvier 1970
© Musée Soulages, Rodez / Photo Thierry Estadieu - © Adagp, Paris, 2025

Peinture 162 x 130 cm, 2 novembre 1959
© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / photographie Frédéric Jaulmes - Reproduction interdite sans autorisation © Adagp, Paris, 2025

Statue-menhir de la Verrière
© musée Fenaille-Rodez, collections Société des Lettres Sciences et Arts de l'Aveyron, photo Méravilles, Rodez, Musée Fenaille, coll. SLSAA

Peinture 300 x 235 cm, 9 juillet 2000
© Musée Soulages, Rodez /Photo Thierry Estadieu © Adagp, Paris, 2025

Peinture 324 x 362 cm (Polyptique J)
© MCBA - Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne © Adagp, Paris, 2025

Peinture 200 x 285 cm, 12 décembre 1970
© Paris Musées, musée d'Art moderne, Dist. GrandPalaisRmn / image ville de Paris Droits d'auteur: © Adagp, Paris, 2025

Peinture 222 x 314 cm, 24 février 2008
© Photo Vincent Cunillère © Adagp, Paris, 2025

Piet Mondrian, L’Arbre gris
© Kunstmuseum Den Haag – bequest Salomon B. Slijper

Peinture 162 x 114 cm, 27 août 1958
© Musée Soulages, Rodez / Photo Vincent Cunillère © Adagp, Paris, 2025

Peinture 162 x 127 cm, 14 avril 1979
© Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole / photographie Frédéric Jaulmes - Reproduction interdite sans autorisation.

Peinture 145 x 97 cm, 1949
Ville de Grenoble /Musée de Grenoble –J.L. Lacroix © Adagp, Paris, 2025

Vincent van Gogh, Paysage au coucher de soleil
© Museo Nacional Thyssen-Bornemisza

Peinture 70 x 57 cm, 26 septembre 2014
© Photo Vincent Cunillère © Adagp, Paris, 2025

Goudron sur verre 45,5 x 45,5 cm, 1948-2
© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Georges Meguerditchian/Dist. GrandPalaisRmn © Adagp, Paris, 2025

Peinture 195 x 130 cm, 11 juillet 1953
© Crédit photographique : Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : Lucas Olivet © Adagp, Paris, 2025

Gustave Le Gray, Effet de soleil dans les nuages – Océan
© Musée d'Orsay, Dist. GrandPalaisRmn / Patrice Schmidt
Outrenoir
Expérience immersive en réalité virtuelle
Outrenoir, une expérience immersive en réalité virtuelle au cœur de l’œuvre de Pierre Soulages
Avec la voix d’Isabelle Huppert, balade poétique à travers les moments fondateurs de la carrière de Pierre Soulages, Outrenoir invite le spectateur
à parcourir sa trajectoire picturale au fil d’une immersion d’environ dix minutes. Cette traversée sensible met en lumière les temps forts de son œuvre et les lieux qui ont nourri sa création. Portée par la voix magnétique d’Isabelle Huppert, tissée des mots de l’artiste – extraits de ses écrits et d’archives sonores – l’expérience vous entraîne hors du temps, au cœur de la matière et de la lumière.
Une création de Gordon, produite par Lucid Realities.
Tarif de 4 €, ouvert sur réservation sur notre billetterie en ligne.
L'expérience est accessible aux personnes en fauteuil. L'expérience est déconseillée avant 10 ans. Nous rappelons que toute expérience en réalité virtuelle, compte tenu de la technologie utilisée, est déconseillée aux femmes enceintes, aux personnes sujettes à des crises d'épilepsie et aux migraines et aux personnes ayant des troubles de l’équilibre ou de la vision.