L'Allégorie de la Poésie d'Élisabeth Louise Vigée Le Brun rejoint les collections du musée Fabre

Grâce au soutien de la Fondation d’entreprises du musée Fabre et à une subvention exceptionnelle du Fonds du patrimoine, géré par le service des musées de France, le musée Fabre a acquis par exercice du droit de préemption une œuvre d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun (1755-1842) lors de la vente Artcurial à Paris, le 23 septembre 2025.

Cette Allégorie de la Poésie, signée et datée de 1774, est une peinture précoce, atypique et ambitieuse d’une artiste essentiellement connue pour son activité de portraitiste.

Elisabeth Louise Vigée Le Brun (Paris, 1755-1842), Allégorie de la Poésie, huile sur toile, signée et datée « Melle Vigée/1774 » en bas à gauche, H. 80 ; L. 65 cm. Crédit photo : Artcurial

 

Le lancement d’une carrière

Formée par son père le pastelliste Louis Vigée, puis par le peintre Gabriel Briard, la jeune Elisabeth Louise Vigée est très tôt remarquée et soutenue par les peintres Gabriel François Doyen et Joseph Vernet. Elle produit ses premières peintures au début des années 1770, sans être rattachée à une corporation professionnelle. En 1774, elle est obligée de rejoindre la corporation de l’Académie de Saint-Luc, communauté des peintres et sculpteurs de Paris, afin de pouvoir poursuivre son activité. Elle expose au Salon de l’Académie de Saint-Luc plusieurs portraits et études de têtes, ainsi que trois allégories de la peinture, de la poésie et de la musique. Identifiée par le spécialiste de l’artiste, Joseph Baillio, régulièrement publiée et exposée, L’Allégorie de la Poésie témoigne ainsi des débuts de sa prestigieuse carrière. Quatre ans plus tard, Elisabeth Louise Vigée Le Brun devient en effet peintre officiel de la reine Marie-Antoinette, dont elle exécuta plusieurs portraits.

L’ambition d’une jeune artiste

Tout traduit dans cette peinture l’ambition de la jeune peintre : son sujet allégorique, d’invention, est apparenté à la peinture d’histoire, placée au sommet de la hiérarchie des genres, devant le portrait ; son inspiration formelle, héritée des maîtres classiques français et italiens ; mais aussi le choix de représenter un grand nu, ici féminin, à l’expression assurée, en écho à l’exigence académique d’une parfaite connaissance de l’anatomie. La réception du tableau fut mitigée, certains considérant que l’« on voit que cette Demoiselle, remplie du désir de parvenir, consulte et cherche à imiter plusieurs maîtres  » là où d’autres louèrent «  le coloris […] agréable, le pinceau facile, la touche sûre » de ses allégories.

Une œuvre atypique 

Cette allégorie constitue de fait une pièce rare dans le corpus connu de l’artiste, qui ne traita, d’après ses Souvenirs, qu’une douzaine de sujets de peinture d’histoire. Le choix du musée Fabre s’est porté sur cette œuvre atypique, qui s’inscrit dans ses collections complétant une lacune entre les générations de Jacques Louis David et celle de François-Xavier Fabre. L’Allégorie de la poésie permettra de renforcer le discours du musée sur les circuits de formation des peintres à Paris et dans les provinces d’Ancien Régime. 

Dans la continuité du legs d’Antoine Valedau en 1836 et des campagnes d’acquisition menées récemment pour enrichir le musée d’œuvres d’Hortense Haudebourt-Lescot et Pauline Gauffier (2021) ou encore Jenny Legrand (2022), cette acquisition permet aussi de renforcer significativement la présence des femmes artistes du XVIIIe siècle avec un nom emblématique venu rejoindre Marie Thérèse Reboul et Adélaïde Labille-Guiard. Jusqu’à ce jour, l’artiste n’était évoquée dans la collection que par la copie d’un portrait légué au musée par Alfred Bruyas en 1876.  
  

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